Les différents types de pouvoir vu par Molière

-Le pouvoir de la religion dans Tartuffe

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Le pouvoir de l'argent
Le pouvoir de la religion
Le pouvoir familial
Le pouvoir des autorités civiques

Molière traite d’un autre type de dévotion dans son œuvre Tartuffe. Dans cette pièce Molière s’attaque plutôt au pouvoir que l’Église a sur les citoyens. D’abord, il nous présente un personnage qui est dévoué corps et âme pour l’Église. Effectivement, Orgon démontre une dévotion envers la religion. Premièrement,  « il va à l’église chaque jour (vers 283) » et il est en admiration devant celui qui représente le Saint Esprit (Tartuffe). Dorine, suivante de Marianne, le dit assez clairement : « Enfin il en est fou ; c’est son tout, son héros » (vers195). Ici, elle exprime clairement la dévotion qu’Orgon accorde à Tartuffe. Plusieurs fois dans le texte le mot « fou » sera employé pour qualifier Orgon. Cette admiration totale est mise de l’avant lorsque Orgon fait son apparition pour la première fois. Il s’exclame mécaniquement quatre fois de suite : « Le pauvre homme ! » (I, 4). En effet, malgré le fait que Dorine le renseigne sur l’état positif de Tartuffe, Orgon n’est pas plus rassuré. Molière n’a pas seulement créé un personnage qui aime, il a créé un personnage qui aime à l’excès, un dévot.

Ensuite, il est intéressant de remarquer que Tartuffe est au courant et qu’il tire profil de cette dévotion abusive. Ce personnage est un bon manipulateur. En effet, il se sert volontiers de la religion pour utiliser Orgon. Il cite des textes sacrés : « «Je regarde toutes chose comme de fumier  afin de gagner Jésus-Christ [1]», « Il prend pour du fumier les choses de la terre.[2]»[3].». Tartuffe sait très bien qu’Orgon écoutera ces paroles soi-disant sacrées. Peu à peu Tartuffe réussit à faire croire à Orgon que les biens matériels et les liens émotionnels sont inutiles. Orgon ira même jusqu'à dire :

« Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde,

Et comme du fumier regarde tout le monde (…)

Il m’enseigne à n’avoir de l’affection pour rien;

De toutes amitiés il détache mon âme;

Et je verrai mourir frère, enfants, mère et femme,

Que je m’en soucierais autant que cela[4] »

 

Cette confession démontre bien la force de manipulation qu’exerce Tartuffe sur Orgon. Il  manipule Orgon dans un but bien précis. D’abord, il se fait loger et nourrir par ce dernier, mais aussi parce qu’il veut arnaquer son hôte. Effectivement, grâce à un jeu de manipulation exemplaire, Tartuffe réussit a faire déshériter Damis, le fils d’Orgon, et il obtient d’Orgon la donation de tous ses biens (III,7). En créant un représentant de Dieu sur terre (Tartuffe) qui n’hésite pas à manipuler les autres, Molière envoie un message bien précis à la population. Il conseil à la société de se méfier. Il ne dit pas qu’il faut renier l’Église, mais simplement que l’on doit se poser des questions. Certes, Tartuffe est une dénonciation du pouvoir ecclésiastique. Ce n’est cependant pas un appel à la révolte et à la laïcité de la société. L'église n'a pas du tout apprécié cette pièce. Elle l'a même censuré

 

Dans cette pièce, Molière a uttilisé le même procédé que dans L'Avare. C'est à dire qu'il nous présente un personnage laid, Tartuffe. 



[1] Saint Paul, Epître aux Philippiens, III, 8.

[2] C’est un vers de Corneille lui-même dans sa traduction de l’Imitation de Jésus-Christ. Saint Paul et l’Imitation parlent de choses, remarquons-le, non d’être vivants.  

[3] Tartuffe Molière.

[4] Le tartuffe de Molière (vers 273-274, 276-279)

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